Cette année s’ouvrira par des Vêpres célébrées dans la basilique Saint-Pierre en présence des reliques de celui qui est vénéré, depuis 1925, comme le patron des curés du monde entier, et qui sera proclamé patron de tous les prêtres.
C’est le 16 mars dernier, devant l’assemblée plénière de la Congrégation du clergé, juste avant son départ pour l’Afrique, que le pape a annoncée cette année spéciale. Ce fut pour lui l’occasion de rappeler la différence essentielle entre le sacerdoce ministériel et celui de tout baptisé, car si toute l’Eglise est appelée à “aller dans le monde entier, proclamer l’Évangile à toute la création” (cf. Mc 16, 15), le prêtre, par le sacrement qu’il a reçu, “est configuré au Christ Tête”, ce qui n’est “tenable” pour un homme que s’il se laisse totalement prendre par le Christ :
“En vertu de l’imposition des mains de l’évêque et de la prière de consécration de l’Eglise, les candidats deviennent des hommes nouveaux, deviennent « prêtres ». […] Certes, la grande tradition ecclésiale a, à juste titre, séparé l’efficacité sacramentelle de la situation existentielle concrète du prêtre, et ainsi, les attentes légitimes des fidèles ont été sauvegardées de façon adéquate. Mais cette juste précision doctrinale n’ôte rien à la tension nécessaire, et même indispensable, vers la perfection morale, qui doit habiter tout cœur authentiquement sacerdotal”.
Ce que doit être un cœur sacerdotal, Benoît XVI l’a rappelé à ses prêtres dans son homélie de la messe chrismale, le 9 avril, à son retour d’Afrique, à partir de la prière de Jésus pour ses disciples réunis autour de lui, demandant au Père qu’ils soient “consacrés par la vérité”. Etre consacré, tel est le sens du sacerdoce, “c’est être enlevé du monde et donné à Dieu”. Mais “être remis à Dieu, cela signifie plutôt être placé pour représenter les autres” pour, “à partir de Dieu”, être “disponible pour les autres, pour tous” :
Etre plongés dans la vérité et ainsi dans la sainteté de Dieu, cela signifie pour nous accepter aussi le caractère exigeant de la vérité ; s’opposer, dans les grandes choses comme dans les petites au mensonge, qui de manière extrêmement variée est présent dans le monde ; accepter le combat pour la vérité, parce que sa joie la plus profonde est présente en nous. Quand nous parlons d’être consacrés par la vérité, nous ne devons pas non plus oublier qu’en Jésus Christ vérité et amour sont une seule réalité. Etre plongés en Lui signifie être plongés dans sa bonté, dans l’amour vrai. L’amour vrai ne se trouve pas à bon marché, il peut même être très exigeant. Il oppose résistance au mal, pour conduire l’homme vers le bien véritable. Si nous devenons un avec le Christ, nous apprenons à Le reconnaître dans ceux qui souffrent, dans les pauvres, dans les petits de ce monde ; alors nous devenons des personnes qui servent, qui reconnaissent les frères et sœurs du Christ, et qui en eux Le rencontrent Lui-même.
[…] A la veille de mon ordination sacerdotale, il y a 58 ans, j’ai ouvert la Sainte Ecriture, parce que je voulais encore recevoir une Parole du Seigneur pour ce jour et pour le chemin que j’aurais à parcourir comme prêtre. Et mon regard est tombé sur ce passage : “Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité”. Alors j’ai su : le Seigneur est en train de parler de moi, et il est en train de me parler. C’est exactement ce qui arrivera pour moi demain. En dernière analyse, nous ne sommes pas consacrés par des rites, même s’il y a besoin de rites. Le bain dans lequel le Seigneur nous plonge, c’est Lui-même - la Vérité en personne. Ordination sacerdotale, veut dire : être immergés en Lui, dans la Vérité. Je lui appartiens d’une manière nouvelle et de cette manière j’appartiens aux autres, pour que ton règne vienne.
Que nos prêtres soient et deviennent en vérité, comme le disait également le pape, ceux qui, dans la célébration eucharistique, dans leur prière, ouvrent la route à la prière des fidèles d’aujourd’hui.