Il y a la galerie des « officiels » : les saints bienheureux, les canonisés, reconnus, qui ont fait, avec la grâce de Dieu, des miracles. Nous les connaissons. Nous portons leurs noms : Pierre, Paul, Thérèse, François, Charles, Bernadette … Comme c’est bien de lire leur vie, de découvrir comment ils ont vécu leur foi à la lumière de l’Evangile.
Après cette galerie, il y a une salle beaucoup plus vaste. Après les officiels, viennent les femmes, les hommes, les enfants qui ont aimé Jésus le Christ, qui ont vécu son Evangile et que Dieu, tout simplement, a accueillis dans sa maison. Voici d’innombrables mères de famille anonymes, au dévouement inlassable. Cet entrepreneur qui a créé des emplois en prenant des risques. Ces médecins sans frontières, ces infirmières bénévoles qui pataugent dans la boue des camps de réfugiés, cet homme politique qui refuse les compromissions, ces amoureux qui aiment vraiment sans caricaturer l’amour. Il y a aussi celles et ceux qui auraient pu désespérer de la vie, de leur santé, de leur conjoint, mais qui ont tenu bon. Ou même cet incroyant au cœur droit qui a vécu, au jour le jour, l’Evangile qu’il n’avait jamais lu …
Dans cette foule immense, nous en connaissons sûrement quelques-uns … Nos parents ? Nos amis ? Un frère ? Une sœur ? Un voisin ? … Des femmes et des hommes qui ont vécu tout simplement l’une ou l’autre des béatitudes.
La Toussaint, c’est leur fête, leur fête à eux d’abord, la fête des saints qui ne seront jamais dans les vitraux. Ils sont tellement nombreux !
Enfin, il y a une troisième galerie inattendue, mais c’est la merveilleuse surprise de la Toussaint. Il y a la galerie des « rescapés » de la sainteté. Ce sont ceux qui ont fait naufrage, les laissés-pour-compte. Celles et ceux qui traînent une hérédité lourde, une éducation ratée. Les enfants blessés dans leur chair.
Les accidentés de la vie, les accidentés de la morale, les accidentés de l’amour peuvent aussi devenir saints ! C’est le message inouï de la Toussaint. C’est avec ces gens-là aussi que Dieu veut faire des saints. C’est avec ces gens imparfaits que Dieu veut faire des saints. Jésus est venu « sauver ceux qui étaient perdus ».
C’est pourquoi nous osons croire que ces millions et millions d’hommes et de femmes - qui avaient bien dans leur cœur une petite lumière d’amour qui brillait, à laquelle ils ont été fidèles - nous osons croire qu’ils sont entrés maintenant dans la lumière de Dieu. Cette lumière a tout changé, elle les a purifiés. Cette lumière a brûlé leurs refus, cicatrisé leurs plaies, anéanti leurs imperfections. Comme j’aime les petites lumières que vient déposer sur l’autel la famille en deuil qui prie pour son défunt lors de la messe « en union » !
Oui ! Saints et saintes de Dieu, priez pour nous.
Père Jean Corbineau (Cambrai)