Ouvert le dimanche 4 octobre par le pape Benoît XVI par une messe concélébrée avec des évêques africains dans la basilique Saint-Pierre de Rome, le Synode des évêques de cette année, consacré à « l’Eglise en Afrique », doit s’achever le dimanche 25 octobre.
Le Synode des évêques est né à l’issue du Concile œcuménique Vatican II, par la volonté du pape Paul VI, dans sa Lettre Apostolique Apostolica sollicitudo du 15 septembre 1965 [1]. Son successeur Jean-Paul II y voyait, "une expression et un instrument particulièrement fécond de la collégialité des évêques ". Alors que le Concile œcuménique réunit tous les évêques, le Synode des Evêques, selon le Code de Droit Canon, est « la réunion des évêques qui, choisis des diverses régions du monde, se rassemblent à des temps fixés afin de favoriser l’étroite union entre le Pontife Romain et les évêques et d’aider de ses conseils le Pontife Romain pour le maintien et le progrès de la foi et des moeurs, pour conserver et affermir la discipline ecclésiastique, et aussi afin d’étudier les questions concernant l’action de l’Église dans le monde » (Canon 342).
Le synode actuel n’est donc pas une réunion d’évêques africains venus à Rome, mais celle de représentants des évêques du monde entier venus se mettre à l’écoute des problèmes de l’Eglise d’Afrique, comme celui qui se tiendra à Rome du 10 au 24 octobre 2010 se mettra à l’écoute du drame que vivent les chrétiens du Moyen Orient, Benoît XVI considérant « comme un devoir primordial de promouvoir la synodalité si chère à l’ecclésiologie orientale et saluée par Vatican II » (son discours du samedi 18 septembre devant les patriarches et évêques de rites orientaux, à Castel Gandolfo) .
Ce synode pour l’Afrique fait suite à celui qui avait été convoqué par Jean-Paul II en 1994 sur le thème « L’Église en Afrique et sa mission évangélisatrice vers l’an 2000 : vous serez mes témoins » (Ac 1,8) et dont les travaux donnèrent lieu à l’exhortation apostolique post-synodale " Ecclesia in Africa " (1995). Son thème fait écho à la situation dramatique de ce continent dont les médias nous parlent chaque jour, et les évêques ne manqueront pas d’évoquer les problèmes auxquels ils doivent faire face comme se protéger contre « le cynisme intellectuel de l’Occident » (Mgr Robert Sarah), apaiser les tensions dues aux différence ethniques et linguistiques, comprendre le succès des sectes qui présentent notre Eglise comme une " Eglise morte ", les relations parfois difficiles avec l’Islam, la présence auprès des malades et des migrants.
Déjà, au cours de la messe d’ouverture, Benoît XVI a fermement dénoncé les maux qui selon lui frappent le continent : « L’Afrique représente un immense poumon spirituel pour une humanité en crise de foi et d’espérance ». Mais ce poumon, « au moins deux dangereuses pathologies sont en train de l’attaquer » : « le matérialisme pratique, associé à la pensée relativiste et nihiliste » […] et « le fondamentalisme religieux, lié à des intérêts politiques et économiques ». [En effet] « des groupes qui s’inspirent des différentes appartenances religieuses sont en train de se répandre sur le continent africain ; ils le font au nom de Dieu, mais selon une logique opposée à la logique divine, c’est-à-dire en enseignant et en pratiquant non pas l’amour et le respect de la liberté, mais l’intolérance et la violence ». Et il continuait :
« La vocation de l’Église, communauté de personnes réconciliées avec Dieu et entre elles, est d’être prophétie et ferment de réconciliation entre les différents groupes ethniques, linguistiques et aussi religieux, à l’intérieur de chaque nation et sur tout le continent. La réconciliation, don de Dieu que les hommes doivent implorer et accueillir, est un fondement stable sur lequel construire la paix, condition indispensable pour le progrès authentique des hommes et de la société, selon le projet de justice voulu par Dieu. Ouverte à la grâce rédemptrice du Seigneur ressuscité, l’Afrique sera ainsi toujours plus éclairée par sa lumière et, en se laissant guider par l’Esprit Saint, elle deviendra une bénédiction pour l’Église universelle, apportant sa contribution qualifiée à l’édification d’un monde plus juste et fraternel ».
Et nous ? « Synode » vient de deux mots grecs (syn : « avec » et hodos : « chemin ») et signifie « marcher ensemble ». Ce mot en usage dans les Eglises grecques fut traduit en latin (avec éclipse du « chemin » !) par le mot " concilium ". Mais c’est également un nom commun pour désigner, selon le dictionnaire Robert, « toute assemblée convoquée par l’évêque ou l’archevêque pour délibérer sur les affaires du diocèse ou de la province ».
Marcher ensemble, riches de nos différences, mais « convoqués » en Eglise, n’est-ce pas notre vocation de chrétiens ?
[1] Voir le dossier d’information sur le site http://www.vatican.va en demandant « synode » au moteur de recherche.