Mais en réalité, c’est tout au long de l’année qu’Avignon et l’ensemble du département sont voués au tourisme : leur histoire, la beauté des paysages et des monuments, l’alliance incomparable des couleurs, des murs bistres de Gordes au bleu lavande des champs de Sénanque en passant par les ocres de Roussillon, et la majesté du Ventoux, et la douceur des villages en Luberon, et la route des vins ( ô belles et fraîches caves de Vaucluse !) et les primeurs du Comtat…tout invite “l’étranger”, c’est-à-dire le touriste, à venir visiter notre région - en passant, et même en demeurant, arrêté par le charme d’un lieu. Notre département reçoit en moyenne 4 millions 500000 visiteurs par an, considérés comme un atout très important pour l’économie locale. Belges, Hollandais, Allemands, Italiens, Japonais, Anglo-saxons, mais aussi, de nouveau venus : Chinois, Taïwanais, Coréens, gens de la Mittel Europa, se partagent l’espace entre Rhône et Durance, plaines et monts, champs et sorgues, nature et patrimoine…
C’est pourquoi il existe chez nous, comme dans tous les diocèses de France, une Pastorale du Tourisme et des Loisirs, authentique service d’Eglise . Dans un contexte de vacances et de voyages qui favorise plutôt, en principe, l’insouciance et l’humeur vagabonde, elle s’efforce de répondre à la recherche spirituelle qui peut exister néanmoins chez les visiteurs de sites religieux, les admirateurs de la nature, les demandeurs de silence et de calme, que les bruits du monde ne détournent pas d’une quête de foi. Elle prend en compte l’exhortation du Pape Paul VI (5 mai 1977) : “La vocation de votre région est une vocation d’accueil. Votre mission est donc d’aller de plus en plus à la rencontre de ces habitants de passage, à la rencontre de cette nouvelle civilisation des loisirs”. Notre église diocésaine se sent concernée : des équipes sont en place pour recevoir et accueillir dans la plupart des lieux de culte et, largement, dans les églises et les monastères ; de nombreuses communautés religieuses ouvrent leurs portes à la demande ; certaines proposent même une hostellerie ; les lieux de pèlerinage (Ste-Anne-d’Apt, la Vierge du rocher des Doms, l’ermitage de st Gens, Notre-Dame de Lumière à Goult…) se mettent en valeur. Notre diocèse a, par ailleurs, la particularité d’offrir à l’amateur d’art – et au croyant – l’héritage de plusieurs cathédrales, témoignage d’un beau et riche passé : Apt, Carpentras, Cavaillon, Orange, Vaison, sont d’anciens évêchés. Les équipes de bénévoles y sont actives, des panneaux explicatifs et autres imprimés présentent le monument, les tableaux, les offices. Parfois même on peut y admirer le “Trésor”, qui n’est pas une collection curieuse d’objets exhumés, mais, comme une évidence, le signe de la beauté de la liturgie, la “gloire” du passé vivant, devant lequel montent notre reconnaissance et notre prière…
Il faut se réjouir de voir les prêtres, les moines, les paroissiens, et les fidèles en général, se soucier d’intéresser les touristes au patrimoine religieux ; il arrive quelquefois que ces visites et ces accueils deviennent, par la grâce de la rencontre, une première approche de la foi, ou même une authentique catéchèse. Des prêtres “délégués diocésains PRTL” (i.e. de la Pastorale du Tourisme et des Loisirs) réfléchissent régulièrement sur les “outils”, le sens, et les progrès de l’action à mener sur ce terrain, en lien avec les offices du tourisme et syndicats d’initiative. Le 17 avril dernier, ils ont tenu leur congrès annuel, dont le père Gildas Keruel a tiré un texte-bilan intéressant à consulter et à méditer. « Cette activité ecclésiale » dit-il, “est un lieu privilégié de travail catéchuménal”. Oui, des attentes profondes sont vraiment en jeu ici, qui demandent beaucoup de notre part. Sachons y répondre là où nous sommes, avec conviction et humilité.
Père Robert Chave,
délégué diocésain à la P.R.T.L.
Simone Grava-Jouve.