Mais avant de célébrer, dans l’allégresse, la Résurrection du Christ, le peuple de Dieu s’est préparé par un carême bien suivi, à recevoir le message sublime du triomphe de la Vie sur la mort et le péché. Pendant quarante jours, en effet, les fidèles n’ont mangé ni viande ni laitage, non par pur ritualisme, mais pour tenter de rompre avec la servitude de l’habitude afin de se rendre plus libres de leurs passions et plus à l’écoute de la Parole de Dieu et du frère, notamment celui qui est dans la souffrance : le malade, le pauvre, l’émigré et le sans-abri.

Les trois premiers jours de la Semaine Sainte sont marqués par un office qui annonce la venue de l’Époux. Le jeudi sont lus les douze Évangiles de la Passion et le vendredi les chants de lamentation de la mise au tombeau du Christ laissent transparaître, déjà, la certitude de Son triomphe sur la mort

Le Samedi matin, après les 15 lectures néo-testamentaires qui annoncent la Résurrection, la Vie commence à frémir comme si le corps du Christ bougeait déjà dans le tombeau.

Au début de la nuit le peuple des fidèles, après s’être rassemblé dans l’église sans lumière, comme dans le tombeau du Christ, en ressort en procession, tenant des cierges allumés, jusqu’à ce que soit proclamé l’Évangile de la Résurrection. C’est alors que l’église s’ouvre, éclatante de lumière et que retentit, sans cesse, dans la nuit, le chant pascal qui continuera à être chanté pendant quarante jours :
“Le Christ est ressuscité des morts. Par Sa mort Il a vaincu la mort. A ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la vie”.

La cérémonie, qui avait commencé dans l’église obscure, se déroule, désormais, dans la lumière de la Résurrection et dans la joie de la foi. Les chants retentissent pendant plus de trois heures en paroisse et presque toute la nuit dans les monastères. Suivent alors les agapes au cours desquelles les fidèles et leurs invités partagent les mets de la tradition pascale.

Comme l’Archange avait confié à une femme, nommée Marie, l’annonce de l’indicible conception virginale, un Ange a annoncé, aujourd’hui, également à des femmes, l’événement extraordinaire de la Résurrection. Alors, du plus profond de la terre, sobrement, jaillit le printemps éternel de la Création comme dans (de) la grotte de Bethléem avait resplendi la joie de l’univers.

Les quatre dimanches qui vont suivre cette Fête des fêtes, jusqu’à l’Ascension, se dérouleront dans l’allégresse pascale et les liturgies seront célébrées sur le même mode.
Pendant toute cette période, les fidèles se donneront le salut pascal.
Ainsi Pâques est l’événement le plus important de la vie du Chrétien Orthodoxe, pour qui la Résurrection du Christ, chargée de son espérance est le centre de la Vie où le Royaume de Dieu se laisse déjà pressentir, ici et maintenant, dans le travail de tous les jours et dans les engagements familiaux et sociaux.

C’est pourquoi, chaque dimanche est une fête de la Résurrection pour que les cœurs puissent se laisser pénétrer des énergies divines qui pourront les aider dans leur vie quotidienne à être des témoins de l’amour, du partage et de l’espérance.

Père Claude HIFFLER
Paroisse Orthodoxe Saint-Côme et Saint-Damien,
Avignon