« Je crois à la rémission des péchés »
C’est bien ce que nous affirmons dans le CREDO, où nous confessons notre foi Trinitaire. Et si en ce Carême 2010, nous retrouvions le vrai sens du sacrement de la réconciliation comme désir d’entrer plus avant dans l’œuvre rédemptrice de cette Trinité d’Amour (cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique, CEC 1426).
Toute sa vie, mais plus encore sur la Croix, le Christ a senti peser sur lui tous les péchés du monde. En le crucifiant, les hommes rejetaient Dieu. Et c’était plus ce refus de Dieu qui le faisait souffrir, parce qu’il y voyait à la fois l’offense que cela causait à Dieu et le mal que les hommes se faisaient en eux-mêmes en se fermant à la Tendresse infinie.
Sur la croix, le Christ confesse devant son Père tous les péchés du monde. Il est animé à leur égard d’une contrition parfaite. Il hait les péchés d’une haine totale.
En se confessant, le chrétien participe à cette contrition parfaite du Christ : il est « plongé » en elle. Il reçoit du Sauveur la grâce d’un rejet authentique de ses péchés et des péchés du monde.
En recevant l’absolution du prêtre, le pénitent participe à l’absolution que le Père a donnée aux péchés du monde en ressuscitant son Fils.
Ce n’est pas sans raison que, le jour même de Pâques, le Christ confie à ses Apôtres la charge de transmettre cette absolution du Père à travers le monde, en répandant sur lui l’Esprit-Saint par lequel le Père venait de le ressusciter et dont Il était tout entier rempli : Jésus leur dit : « La paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Ayant dit cela, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit-Saint. A qui vous remettrez les péchés, ils seront remis. A qui vous les retiendrez, ils seront retenus » (Jn 20, 21-23).
Ce que le Christ a fait de manière visible, chaque disciple est amené à le vivre. Et nous savons tous combien la démarche du sacrement de la réconciliation est « crucifiante » mais aussi libérante pour notre vie de Foi. C’est ainsi que ma conversion intérieure s’exprime par une démarche extérieure lorsque je m’avance librement vers le prêtre, ministre du Christ ressuscité, pour célébrer la réconciliation. Mon cœur est habité par la contrition, le regret profond de mes péchés, la résolution de changer, le désir de la Miséricorde de Dieu.
Par l’intermédiaire d’un prêtre de son Eglise, le Christ Jésus ressuscité consacre mon cœur dans sa démarche de conversion, dans mon désir de ne pas m’enfermer dans ma culpabilité : il s’empare de ma contrition encore imparfaite pour en faire une contrition parfaite, une volonté efficace de changement et de réconciliation. L’aveu des mes fautes, en me rendant conscient de ma responsabilité, me redonne aussi la liberté de m’adresser à Dieu en terme de communion (cf. CEC 1455). L’action divine qui répond à mon attente s’exprime alors efficacement dans l’absolution. « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit je vous pardonne vos péchés » signifie que je me réconcilie avec le Père, que le Christ consacre mon désir de changer et que l’Esprit vient guérir mon cœur blessé. Et c’est bien dans une effusion de l’Esprit que s’accomplit cette transformation. Le geste du prêtre qui étend les mains pour m’accorder le pardon manifeste bien ce geste de Jésus qui redresse dans l’œuvre de l’Esprit ce qui est tordu. L’effet immédiat de ce pardon est ainsi de me réintégrer dans la communauté du Peuple de Dieu d’où mes péchés m’avaient éloignée (cf. CEC 1443). Il me reste encore à satisfaire, littéralement à « remercier » Dieu par un acte concret de communion, appelé aussi « pénitence » que le prêtre m’aura particulièrement recommandée (cf. CEC 1459-1460). Il manifeste ma pleine adhésion libre et joyeuse au mystère pascal, en me rendant ma beauté et ma dignité d’enfant de Dieu, marqué du sceau de l’Esprit-Saint.
« Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs » (Mt 9,13)
Père Frédéric Fermanel
Curé de La Tour d’Aigues