Tel est le programme de vie de ces premières religieuses hors du cloître.
En effet, “ il ne suffit pas d’avoir soin de l’assistance des pauvres malades corporellement, [on doit] leur apprendre à bien vivre”. Il faut les instruire.
Avant cette fondation, révolutionnaire pour son temps, “ Monsieur Vincent ”, ordonné prêtre en 1600, avait eu des débuts fort mouvementés. Capturé par des pirates en Méditerranée, il fut vendu comme esclave à Tunis, d’où il s’échappa avec son dernier maître, un renégat repenti, pour aborder à Aigues-Mortes d’où il se serait rendu à Avignon… En 1610, il est aumônier à la cour de la reine Marguerite de Valois, avant d’entrer, en 1613, comme précepteur dans la maison d’Emmanuel de Gondi, général des galères de France, et Madame de Gondi, qui le prend comme directeur de conscience, jouera un rôle décisif dans la marée caritative que Vincent a déchaînée. Car la charité aussi est contagieuse.
En 1617, il a 36 ans, et toujours précepteur dans la même famille, il traverse une grave crise spirituelle et morale à l’issue de laquelle il va se lancer dans la mission et le service des plus démunis. Cette même année, il crée dans la paroisse de Châtillon-des-Dombes, au nord de Lyon, la Confrérie de la charité, composée de dames modestes travaillant pour les pauvres et les malades. En 1618, il est aumônier général des galères. Mais en 1622, à la mort de saint François de Sales, il devient le supérieur du premier monastère parisien de l’Ordre de la Visitation Sainte Marie.
En 1625, grâce aux moyens que met à sa disposition Madame de Gondi, il fonde, à Paris, la Congrégation de la Mission, nommée en 1633 “ les Lazaristes ”, du nom de l’ancien prieuré Saint-Lazare des chanoines réguliers de Saint-Victor, en même temps qu’étaient instituées les Conférences du mardi pour le clergé où se retrouvèrent Bossuet et bien d’autres. C’était alors le seul moyen de “ formation permanente ”.
Après la fondation des Filles de la charité, en 1634, il y eut celle de l’Oeuvre des Enfants trouvés (1638) puis l’Hôpital des Enfants trouvés (1648). On lui doit la création des hôpitaux de Bicêtre pour les aliénés, de la Salpétrière pour les pauvres et, en 1654, de l’Hôpital du Saint Nom-de-Jésus pour les vieillards.
Il créa également des retraites spirituelles au cours desquelles se retrouvaient des gens de toutes conditions : le pauvre et le riche, le laquais et le seigneur priaient ensemble et prenaient leur repas au même réfectoire.
Mais son zèle ne s’arrêta pas là : il envoya des “ secours ” dans les régions du royaume dévastées par la guerre (en Lorraine, en Picardie, en Champagne et Ile-de-France) et des “ fondations de la mission ” à Alger, à Madagascar, et en Pologne. Autant qu’il put, il soulagea les victimes des guerres et fut un artisan de paix.
Mort à Saint-Lazare accablé de souffrance et d’infirmités, il sera béatifié par Benoît XII le 12 août 1729 et canonisé par Clément XII le 17 juin 1737.
Les Filles de la charité, héritières de sa spiritualité, ont obtenu à Avignon de célébrer l’événement par une messe solennelle à l’église St-Agricol le samedi 26 septembre à 17h. Nous rendrons grâce pour l’oeuvre de ses disciples et nous demanderons la force de nous mettre à la suite de saint Vincent de Paul en servant Dieu et nos frères.
Père Robert CHAVE